Le manque de reconnaissance, comment agir ?

Le manque de reconnaissance, comment agir ?

Dimanche, Août 4, 2024

Le besoin de reconnaissance peut être défini comme un désir fondamental d'être vu, d'être reconnu et apprécié pour ses compétences, ses réalisations, ses qualités personnelles et ses contributions. Il est souvent renvoyé à l'estime de soi et à la quête de validation sociale. Il s'agit d'un besoin psychologique qui influence à coup sûr notre bien-être mental et notre comportement social

Pour faire écho à l’actualité du moment, chez les sportifs et sportives la reconnaissance se traduit de plusieurs manières, tant au niveau individuel que collectif. Les aspects clés recherchés par ces derniers sont la reconnaissance des performances (Classements, trophées, médailles…), la reconnaissance publique (Couverture médiatique, réseaux sociaux…), la reconnaissances par les Pairs, les fans, qui se traduit par du respect, de l’adulation (entraineurs, coéquipiers, adversaires…), les sélections en compétition, la reconnaissance financière (contrat, sponsor, primes), la reconnaissance institutionnelle (distinctions) et enfin la reconnaissance personnelle (estime de soi, satisfaction personnelle, sentiment d’accomplissement).

Pour les personnes qui les accompagnent, comprendre et valoriser ces différentes formes de reconnaissance nécessite, sans nul doute, à créer un environnement sportif positif et épanouissant. Cela suffit-il à tous ? Non surement pas, puisque chaque sportif est diffèrent l’un de l’autre, qu’il soit adulte ou plus jeune, accompagné ou pas. Enfin, tous.tes n’obtiennent pas le graal suprême, la performance qui va les mettre en « lumière ». Le plus compliqué est de gérer ceux en mal de reconnaissance qui malgré tous leurs efforts n’atteindront jamais cette « gloire » souvent espérée et cela depuis leur plus jeunes ou encore à défaut par leurs parents.

L’essentiel est de déterminer les moyens pour créer un climat propice à une forme de reconnaissance pour chaque pratiquant.e sportive, peu importe la discipline, le niveau de pratique, l’âge et le milieu social. Dans le monde sportif amateur, c’est un des sujets clivants qui mériterait d’être plus finement abordé, même si l’on constate depuis peu une prise de conscience de nos institutions et du corps médical. Il n’est pas improbable que ce soit l’objet d’une de mes prochaines études, car moi-même en tant que coach, j’y suis confronté au quotidien.

Pour l’heure, ce qu’il m’intéresse est de me pencher d’une manière plus globale sur le problème de manque de reconnaissance chez les personnes qui exercent une activité professionnelle plus « traditionnelle » comme la majorité d’entre-nous : le commun des mortels si l’on peut dire.

Le besoin de reconnaissance, comment se traduit-il ?

A défaut d’être doté d’un charisme naturel, de dons, qui attirent et inspirent, la reconnaissance s’acquiert et se forge au fil du temps. Dans cette quête de reconnaissance, l’humilité la renforce. Nous l’avons compris, la reconnaissance ne se construit pas seule, puisqu’elle passe foncièrement par le regard des autres.

Ce qui m’interpelle est que, chez certaine personne, ce besoin de reconnaissance semble guider toute leur existence, en tout temps et tout lieu. A leurs yeux, cela revêt une importance capitale, voir existentielle. Cette soif permanente de reconnaissance affecte bien souvent leur entourage, qu’ils soient collaborateurs, équipiers, associés, partenaires ou personnes issues de la sphère familiale proche.  Leurs agissements deviennent incoercibles. A bien y réfléchir, nous avons tous connus quelqu’un inscrit dans ce schéma et peut-être avons-nous été leurs premières victimes. Ce besoin de reconnaissance est peut-être due justement à une peur maladive de ne plus être sous les feux des projecteurs. On parle également de co-dépendance. A ce sujet, je laisse soin au corps médical pour nous apporter des réponses.

Mon idée est de comprendre quelles sont les origines de ce besoin de reconnaissance pour mieux s’en prémunir lorsque celui-ci devient un problème. Dans ce cas, les conséquences sont connues. Il amène à des situations ambiguës, complexes à solutionner, des comportements inquiétants du registre des risques psychosociaux. Leurs causes sont à rechercher à la fois dans les conditions d'emploi, les facteurs liés à l'organisation du travail et aux relations de travail. Dès lors, Il y a de grandes probabilités que nous y sommes, directement ou indirectement, impliqué.

Quelles solutions doit-on y apporter individuellement et collectivement ? Humblement, à partir de mes expériences, de mon vécu personnel, je vous amène à quelques pistes pour y remédier voir anticiper les conséquences.

Le besoin de reconnaissance, qu’en disent les psychologues ?

Selon Maslow, dans sa hiérarchie des besoins, celui-ci est placé au quatrième niveau de la dite pyramide, juste après les besoins physiologiques, de sécurité et d'appartenance. Dans ce schéma, il apparaît donc comme fondamental dans l’équilibre de notre bien-être. Edgar Shein complète celle-ci avec sa théorie des ancres. Cependant, l’évolution de nos sociétés dans leur globalité bouleverse ces théories, pourtant encore largement diffusée en formation et utilisé comme outil support de nos stratégies économiques : celles visant à satisfaire les besoins des individus. Les conséquences de cette évolution amènent désormais à enrichir les controverses et des critiques qui, à juste titre, trouvent leurs origines dans nos modèles de société, nos attitudes, nos postures ou encore dans nos pratiques managériales.

Il est évident que les besoins humains, comme celui de la reconnaissance, varient en fonction des contextes culturels, sociaux et individuels. Cependant à mon sens, ils ne sont ni linéaires, ni pyramidaux, mais interdépendants entre eux. Ils se trouvent influencés par de nombreux facteurs, y compris les expériences passées, les attentes futures, les interactions sociales, les conditions économiques, les politiques organisationnelles et les dynamiques de groupes propres à l’entreprise. Il a été prouvé que certains de ces facteurs provoquent de plus de plus souvent un mal être chez les salariés qui se disent en manque de repères. Il nous faut être vigilent à tous points de vue, être attentif au comportement de vos équipes, vos collaborateurs, car un salarié en mal de reconnaissance ne l’exprime pas toujours publiquement.

Le monde associatif est-il en perte de repères ?

Dans le cadre professionnel, c'est une fausse idée en pensant que le secteur marchand est le seul qui rencontre des problèmes liés au manque de reconnaissance. Pour l’avoir observé lors de mes nombreuses expériences, le monde associatif n’y échappe pas. Ce qui m’interpelle est que ses valeurs originelles sont fondamentales pour guider les actions des personnes qui portent les projets. Elles reposent sur des principes de solidarité, d'engagement, de bénévolat, d'égalité, de respect, de participation, de responsabilité, d'innovation, de soutien et d'éducation. Les associations jouent un rôle crucial dans la promotion du bien-être social, de la justice et de l'équité et en terme de reconnaissance désintéressée. Pourtant cela s’effiloche ! Les enjeux économiques sont-ils sous-jacents ? Ceci au point où de nombreux acteurs associatifs sont plus enclins à penser à leur besoin de reconnaissance qu’à promouvoir ces valeurs pour l’ensemble des adhérents et des collaborateurs. C’est une controverse qui mérite débat !

Nous en sommes conscient, le manque de reconnaissance peut avoir des conséquences significatives sur le bien-être mental, la motivation, la performance et les relations interpersonnelles. En comprenant les problèmes engendrés par ce manque de reconnaissance, en mettant en place des stratégies pour y remédier, il est possible de créer un environnement plus positif et plus épanouissant. Cela vaut au bénéfice de tous.tes, peu importe le milieu qu’il soit professionnel, militant, de loisir, sportif ou dans le cercle familial.

Rappel des causes principales du manque de reconnaissance ?

Dans le milieu professionnel, le manque de reconnaissance, c’est l'absence de feedback positif, de compliments, de récompenses ou de toute autre forme de validation qui montre que les efforts et les contributions d'une personne sont appréciés et valorisés.

"Pour suppléer au manque de reconnaissance chez un collaborateur, il est essentiel de mettre en place des stratégies qui valorisent ses contributions et renforcent son estime de soi"

Quelles solutions pour se prémunir contre un manque de reconnaissance ?

Je vous propose cinq leviers pour y parvenir :

1. Offrir des retours – Feedbacks - positifs et constructifs
  • Optez pour la reconnaissance verbale : Prenez le temps de complimenter et de remercier le collaborateur pour ses efforts et ses réalisations. Des mots d'encouragement et de reconnaissance peuvent avoir un impact significatif sur sa motivation et son estime de soi. Soyez vigilant sur ton employé, à votre posture et à l’environnement immédiat !
  • Créez les conditions de feedbacks réguliers : Organisez des réunions régulières pour discuter des performances et des progrès du collaborateur. Offrez des feedbacks constructifs qui mettent en avant ses points forts et proposent des pistes d'amélioration. Idem, si cela est fait en collectif, mesurez l’intensité des compliments finaux, ayez un mot pour l’ensemble des participants.
2. Mettre en place des systèmes de récompenses
  • Pensez récompenses et distinctions : Introduisez des systèmes de récompenses pour reconnaître les contributions exceptionnelles. Cela peut inclure des primes, des certificats, des trophées ou d'autres formes de reconnaissances tangibles. Au travers une récompense, je pense à y associer ou en faire profiter les proches du collaborateur. Certes, les aspects financiers tels que le salaire et les primes participent à la reconnaissance du travail bien fait, mais ils ne doivent pas être les seuls leviers d’action. Ils doivent être complétés par d'autres formes de reconnaissance pour être pleinement efficaces comme la flexibilité du temps de travail en rapport avec quelques contraintes familiales. Un équilibre entre la reconnaissance financière et non financière peut renforcer la motivation, l'engagement et le bien-être des employés ;
  • Favorisez la reconnaissance publique : Reconnaissez publiquement les efforts et les réussites du collaborateur lors de réunions d'équipe, de cérémonies ou d'événements. Cela peut renforcer son sentiment de valorisation et d'appartenance. Cependant, je pars du principe qu’un travail réussi l’est souvent grâce à une participation collective. J’encourage les autres membres à cette reconnaissance. Être vigilant à ne pas créer des envieux.
3. Encourager le développement personnel et professionnel
  • Saisir les opportunités de formation et programmez-les : Offrez des opportunités de formation et de développement pour permettre au collaborateur de renforcer ses compétences et de progresser dans sa carrière ou dans ses responsabilités ;
  • Prenez du temps pour l’accompagner : Mettez en place des programmes de mentorat ou de coaching pour aider le collaborateur à atteindre ses objectifs professionnels et à développer ses compétences.
4. Favoriser une communication ouverte et transparente
  • Privilégiez l’écoute active : Montrez de l'intérêt et de l'empathie en écoutant attentivement les préoccupations, les idées et les suggestions du collaborateur. Une communication ouverte et transparente peut renforcer la confiance, sa participation et son investissement même dans les projets les plus complexes ;
  • Organisez des Feedbacks bidirectionnels : Encouragez le collaborateur à formaliser ses retours d’expériences sur les processus, les projets et les relations de travail. Cela peut aider à identifier les domaines nécessitant des améliorations et à renforcer son engagement.
5. Créer un environnement de travail positif et inclusif
  • Développez une culture d'engagement positive : Promouvez une culture d'engagement qui valorise la reconnaissance, le respect et la collaboration. Un environnement de travail positif et inclusif peut améliorer le bien-être mental et la satisfaction de l’ensemble des collaborateurs. La réussite des uns profite aussi aux autres ;
  • Focalisez votre attention sur la qualité de vie au travail : Anticipez sur la mise en place et l’évolution des moyens techniques, ergonomiques et outils dédiés au profit des collaborateurs ;
  • Mettez en place des événements et activités de cohésion d’équipe : Organisez des événements et des activités de cohésion pour renforcer les liens entre les membres de l'équipe et créer un sentiment d'appartenance. Favoriser l’organisation collégiale.
Se prémunir contre le manque de reconnaissance - Gilbert Macrez

Pour conclure

En mettant en place ces stratégies, vous pouvez suppléer au manque de reconnaissance chez un collaborateur et créer un environnement de travail plus positif et plus épanouissant. Nous l’avons tous en tête, la reconnaissance, le développement personnel, la communication ouverte et un environnement inclusif sont des éléments clés pour renforcer la motivation, l'engagement et le bien-être des collaborateurs.

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